S’ensuit une dizaine d’années qu’un œil extérieur qualifierait probablement de chaotiques ! Il appartient toutefois à chacun.e de tisser le fil d’or qui conduit sa vie et le pousse dans les bras de sa destinée. Je navigue alors entre études, petits boulots et me révèle particulièrement intéressé par les voyages type backpacker. Pendant plusieurs mois je pars ainsi et vis à l’étranger : Toronto (21 ans), Cape Town (23 ans), Istanbul, le Maroc… Ah ! l’excitation d’un départ, l’aventure – plonger dans l’inconnu, les rencontres… toujours ! Est-ce que ces belles âmes croisées tantôt sur un chemin de terre rouge de la Garden Route, tantôt sur la terrasse d’un hôtel à Varanasi sont toutes comme moi, à la recherche du Grand Amour ? Quand je décide quelques années plus tard de partir en Inde, le hasard pour moi n’existe déjà plus :
« Je viens d’atterrir à Srinagar, au Cachemire, avec une sensation de déjà-vu. Au bout d’une semaine, la famille d’accueil avec qui je vis finit de m’extorquer gentiment mes derniers billets. J’arrive toutefois à troquer quelques babioles occidentales à un artisan encore plus pauvre que moi. Celui-ci me transforme une djellaba (chèrement payée, bien entendu) en un fourre-tout digne des aventures d’Huckleberry Finn. Je repars vers le sud, à pied… Commence la vraie aventure, l’action de foi et au fond, ma transmutation. Pendant de longs mois, de villages en villages, vivant comme l’Indien sachant que je n’en serai jamais un, seul, donc, je redécouvre mon pouvoir, puissant et intime : la confiance, l’indicible paix ».