Je suis né à Montpellier (Hérault) en 1977 d’une maman infirmière, méditerranéenne au tempérament bien trempé, et d’un papa normand, rhumatologue et chercheur émérite en médecine fondamentale. J’ai 4 ans lorsque mes parents, mon frère aîné et moi partons vivre au Canada.
Première expatriation, premier choc des cultures. Comment décrire à cet âge la grandeur, la rudesse et la simplicité de ce pays et de ses habitants ? Déjà doté d’une curiosité insatiable, je chemine, telle l’abeille butine de fleur en fleur, et m’émerveille de la richesse et de la singularité de chacun.
L'âme de mes mains
Découvrant mon hyper-sensibilité, mes parents me proposent de faire du piano – je dois avoir 9 ans – et c’est une révélation ! Mon premier professeur, Paul Cummings, un jeune anglophone pudique et discret a le tact et le talent de me faire aimer l’instrument et le répertoire romantique. C’est à l’aide de mon second professeur, l’authentique et passionnée Mireille Angers que mon envol vers le succès se concrétise. A son contact, j’apprends à canaliser mon intense émotivité. Je touche alors inconsciemment certaines profondeurs de l’âme et y laboure le terreau de ma spiritualité jusque-là en jachère. A 18 ans, sur le parvis de la Juilliard School à New-York, la vie me rappelle subitement en France. Au fond, pour le Canadien que je suis devenu, c’est un peu une seconde expatriation.
Globe-trotteur de l'Amour
S’ensuit une dizaine d’années qu’un œil extérieur qualifierait probablement de chaotiques ! Il appartient toutefois à chacun.e de tisser le fil d’or qui conduit sa vie et le pousse dans les bras de sa destinée. Je navigue alors entre études, petits boulots et me révèle particulièrement intéressé par les voyages type backpacker. Pendant plusieurs mois je pars ainsi et vis à l’étranger : Toronto (21 ans), Cape Town (23 ans), Istanbul, le Maroc… Ah ! l’excitation d’un départ, l’aventure – plonger dans l’inconnu, les rencontres… toujours ! Est-ce que ces belles âmes croisées tantôt sur un chemin de terre rouge de la Garden Route, tantôt sur la terrasse d’un hôtel à Varanasi sont toutes comme moi, à la recherche du Grand Amour ? Quand je décide quelques années plus tard de partir en Inde, le hasard pour moi n’existe déjà plus :
« Je viens d’atterrir à Srinagar, au Cachemire, avec une sensation de déjà-vu. Au bout d’une semaine, la famille d’accueil avec qui je vis finit de m’extorquer gentiment mes derniers billets. J’arrive toutefois à troquer quelques babioles occidentales à un artisan encore plus pauvre que moi. Celui-ci me transforme une djellaba (chèrement payée, bien entendu) en un fourre-tout digne des aventures d’Huckleberry Finn. Je repars vers le sud, à pied… Commence la vraie aventure, l’action de foi et au fond, ma transmutation. Pendant de longs mois, de villages en villages, vivant comme l’Indien sachant que je n’en serai jamais un, seul, donc, je redécouvre mon pouvoir, puissant et intime : la confiance, l’indicible paix ».
Le Maître du Feu
Je rentre d’Inde à 31 ans avec la certitude d’avoir un temple intérieur. Pendant de longues années, dans le sud de la France, je travaille en agriculture à la recherche d’une certaine homminitude : qu’est-ce donc qu’être un homme aujourd’hui ? Un jour, au détour d’une cascade – je vis alors en camion – je rencontre celui qui deviendra comme j’aime à l’appeler mon « Maître du Feu » : Philippe Djoharikian, professeur de yoga. Le yoga de Philippe est à son image : dynamique, engagé, jovial et conscient. Les cours sous son teepee sont chaque fois uniques et baignés du doux regard d’AMMA.
Le Maître de l'Eau
Privé toutefois en agriculture d’un certain potentiel d’expression, je commence à envisager la reconversion professionnelle. Choisir une formation en massage après des années de dur labeur n’est pas anodin et la première fois qu’au téléphone j’entends le timbre et le rythme de la voix de Renato Pappalardo, je sais que ma vie va changer. Renato deviendra naturellement mon « Maître de l’Eau ». Ses enseignements en Energy Balancing Massage & Therapy bouleversent tant qu’elles animent d’innombrables parties de mon être. Je rentre avec son massage dans une dynamique d’intelligence corporelle. Le secret ? Renato sait amener ses élèves à développer une qualité essentielle sans laquelle toute approche corporelle est vaine : l’écoute.
Et maintenant...
Parallèlement au massage, je pratique la danse : salsa et contemporaine d’abord puis des danses plus libres et intuitives telles le Contact Improvisation, l’Ecstatic Dance, les 5 Rythmes et aujourd’hui la Biodanza. Je fusionne progressivement ces pratiques à celle du yoga puis du massage. Celui-ci devient plus inclusif, plus « well-balanced» et mieux ancré dans la matière. Mes mains finissent par pressentir le « où » et le « comment » toucher et celui-ci se fait, en résonance.
Comme tout art, la pratique du massage est vivante et ne cesse de s’enrichir. Recherche du « perfect grip », subtilité des vérités psycho-corporelles, accompagnement de l’autre… je m’estime chanceux de pouvoir vivre de mes mains. Partager ma confiance et ma joie d’être avec celles et ceux qui viennent à ma rencontre fait sens. Soulager les douleurs engrammées dans leur corps aussi.
En ces temps particulièrement fluctuants, je me souviens que nous sommes humains avant tout. A mon sens, cela veut dire que nous avons des qualités intrinsèques d’amour, de partage et d’entraide. Je veux croire aussi que nous avons le pouvoir de nous régénérer, de créer un monde heureux et probablement aussi la responsabilité de préserver au mieux celui-ci pour les générations à venir.